La Fin du Nucléaire ?

La peur.

Faut-il faire peur aux gens ? Oui, si vous souhaitez maîtriser leurs âmes… ceux qui agitent un possible black-out l’ont bien compris. Nous, nous nous y refusons.

Le danger.

Faut-il laisser la population dans l’ignorance des dangers du nucléaire ? Oui, pour préserver notre santé mentale à tous, s’il faut en croire la surprenante conclusion d’un rapport d’experts de l’Organisation Mondiale de la Santé¹. Nous nous y refusons tout autant.

La désinformation.

Doit-on dès lors répandre de fausses nouvelles, si celles-ci ont pour effet de rassurer les lecteurs ? De grâce, laissons cela aux influenceur•ceuse•s en manque de clics sur les réseaux sociaux et aux présidents de partis en manque de voix !

Les faits.

Un drame s’est produit à Fukushima, il y a exactement 4000 jours, ce 21 février… un tel drame est-il plausible à Tihange ou à Doel ?

Certainement qu’un tsunami tel que celui qui s’est produit à Fukushima ne frappera pas la Belgique… mais force est de constater que la crue dramatique de mi-juillet dernier, qui a dévasté la vallée de la Vesdre, en avait bien des points communs.

Ce n’est cependant pas le tsunami en tant que tel qui est la cause de la catastrophe là-bas : c’est une vulgaire panne de courant, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Les générateurs de secours, noyés par la vague, n’ont pu remplir leur rôle… 3 pannes de courant sur 3 réacteurs distincts ont conduit à 3 catastrophes identiques, étalées sur la semaine qui a suivi le tsunami.

En bord de Meuse, le mur de protection de notre centrale avait heureusement été relevé en réponse à cela : il est désormais capable de « résister » à un débit de 2500 mètres cubes d’eau mosane par seconde. La valeur habituelle de ce débit est de 50… on a de la marge, croit-on… mais, cet été, à Liège, le débit est monté jusque 3000 !

Il ne faut pas avoir fait des études d’ingénieur pour se rendre compte qu’avec plus de 2400 m3/s, on est donc passé tout près de cette limite, à Huy.

Une coupure de courant aussi dramatique est-elle ici moins plausible ? Notre ABSL, « Fin du Nucléaire », qui compte quelques centaines de membres qui ont réfléchi à la question, n’oserait jamais l’écrire ! Les compagnies d’assurance, qui refusent de couvrir un tel risque, sont de notre avis également.

Ce qui est prévu.

Notre gouvernement a défini — et c’est une très bonne chose — le cadre des actions à prendre par les bourgmestres de nos communes, en cas d’urgence nucléaire².

L’annexe bilingue de ce document fait plus de 200 pages. Elle mentionne 257 fois le mot « contamination », mais précise comment l’évacuation des populations sera faite pour l’éviter.

Presque toutes les communes de Belgique sont concernées.

Vous pouvez savoir si vous faites partie des 3 227 309 personnes³ qui devraient quitter leur maison, leur commerce, leurs terres agricoles et leurs voisins, leurs amis en visitant la carte interactive sur le site de notre association — findunucleaire.be/map !

En conclusion.

Il n’y a pas d’interrupteur qui nous permet d’éteindre une vague mortelle, que son origine soit sismique ou météorologique… mais il y en a un, législatif, qui permet d’éteindre nos centrales. Il ne nous reste qu’à l’activer. Tout est prêt : l’accord de gouvernement, le feu vert de l’Europe au mécanisme CRM… basé sur la fermeture des 7 réacteurs en 2025.

Des experts renommés⁴ nous annoncent aussi qu’on peut en effet se passer des deux derniers réacteurs… les membres de notre ASBL n’ont trouvé aucun argument pour invalider leurs conclusions. La légère augmentation de la production belge de CO₂, due aux centrales à gaz utilisées en cas de forte demande de courant, est compensée au niveau européen.

Engie, l’exploitant de nos centrales, a indiqué que des années de travaux devront précéder toute prolongation. Le milliard d’euros nécessaire au rafistolage de celles-ci ne serait-il pas mieux investi dans la recherche sur le stockage d’énergie, dans la mise en place des moyens qui nous permettront de réduire notre consommation ?

Tout le monde nous dit que le risque zéro n’existe pas… le meilleur moyen d’éviter un problème n’est-il pas de se mettre dans une situation où ce problème ne peut arriver ?


¹ « La solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude. » https://apps.who.int/iris/handle/10665/37054

² « Plan d’Urgence Nucléaire et Radiologique pour le Territoire Belge » — arrêté royal du 1er mars 2018. http://www.jurion.fanc.fgov.be/jurdb-consult/consultatieLink?wettekstId=26393

³ 1 727 708 en cas d’accident à Doel, 1 499 601 en cas d’accident à Tihange. Chiffres de 2021, fournis par Statbel et basés sur la population habitant les communes à considérer dans un rayon de 30 km autour des centrales — la distance utilisée à Fukushima. Pour information, le gouvernement américain avait conseillé un rayon d’évacuation de 80 km, pour ses ressortissants.

⁴ Energyville https://www.energyville.be/en ainsi que les organismes de distribution et de régulation (ÉLIA, CREG,…)

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