Mise à jour de l’historique le 01/07/2023
[Image d’illustration: Centrale nucléaire de Tihange, Belgique]
Nous apprenons dans un article du Canard Enchaîné le 27/05/2023. que le réacteur n°1 de Taishan est de nouveau à l’arrêt depuis le 1er février 2023. Le réacteur souffre « d’une oxydation excessive des gaines d’éléments combustibles« , et cette usure précoce menace leur étanchéité, tout comme lors de l’arrêt précédent qui a duré plus d’un an, voir l’historique ci-dessous. Cette fois-ci le problème viendrait de l’effritement des gaines elles-mêmes et non des vibrations !?
EDF va devoir vérifier tous les réacteurs fonctionnant avec des gaines de cet alliage « M5 » produit par Framatome, y compris d’autres EPR, dont peut-être Flamanville…
China General Nuclear Power Group (CGN), le principal exploitant de la centrale nucléaire de Taishan (Chine), a en effet indiqué mardi 16 août 2022 que l’EPR numéro 1 avait été redémarré puis reconnecté au réseau électrique, plus d’un an après sa mise à l’arrêt. Le groupe chinois précise qu’aucune «anormalité» sur la centrale et ses environs n’a été constatée lors des diverses opérations d’inspection et de maintenance et affirme faire de la sécurité «une priorité».
Mais l‘IRSN reconnait maintenant une erreur de conception sur les EPR (21/07/2022)
La fuite est survenue à Taïshan, en Chine, sur le premier réacteur de technologie française, de type EPR, à avoir été mis en service dans le monde.
Cette fuite a été détectée au début 2021, et EDF insiste sur la fermeture du réacteur depuis le 14 juin 2021 date à laquelle le problème a été rendu publique.
Le 30 juillet 2021 « Nucléaire-Mise à l’arrêt du réacteur n°1 de Taishan, EDF prend acte » :
L’exploitant de l’EPR de Taishan, en Chine, a annoncé vendredi sa décision de procéder à l’arrêt du réacteur n°1 de la centrale nucléaire, au sein duquel des fuites de crayons de combustible responsables d’une accumulation de gaz rares ont été détectées.
Cette décision de TNPJVC, responsable de l’exploitation de la centrale et coentreprise détenue par China General Nuclear Power Group – ou CGN (70%) – et par EDF (30%), correspond à ce qui serait fait en France dans la même situation, a rappelé EDF dans une déclaration écrite après avoir pris position en ce sens le 22 juillet.
« EDF reste mobilisé pour apporter son expertise dans la mise à l’arrêt du réacteur », a-t-il ajouté à la suite de l’annonce de la décision par CGN.
Source : Les échos
Le 30 juillet 2021
« Arrêter l’EPR de Taishan-1 est la bonne décision, au vu du risque que fait peser le combustible endommagé sur la sûreté du réacteur. Si les dommages sont suffisamment importants pour déformer des éléments du combustible, ils peuvent compromettre l’insertion des barres de contrôle, ce qui pourrait conduire à un accident nucléaire », analyse Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.
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« Si un défaut de conception du réacteur ou du combustible était à l’origine de l’incident sur l’EPR de Taishan, cela compromettrait les 4 projets d’EPR européens, qui cumulent déjà les années de retard et les dérapages budgétaires. Les incertitudes à Taishan montrent que la mise en service d’un EPR est loin d’être la lumière au bout du tunnel que l’industrie nucléaire française nous fait miroiter. La filière nucléaire française est encore une fois incapable de tenir ses promesses. Cela prouve que cette technologie n’est pas la solution dans la lutte contre les changements climatiques du fait des temps de construction, de ses coûts exorbitants et de son imprévisibilité », estime Yannick Rousselet.
Source : Greenpeace
Le 22 Juillet 2021 Il fallait arrêter le réacteur, pour savoir si la cause est un défaut de fabrication de quelques tubes, ou une mauvaise composition du combustible, trop de Plutonium ou d’Uranium dans certaines pastilles dans certains tubes, ou alors s’il s’agit d’une erreur de conception qui crée une surchauffe dans une zone précise. On dirait que pour les Chinois la production est passée avant tout, aggravant même l’exposition possible du personnel à des éléments radioactifs lors des opérations de décontamination du circuit primaire, qui est de plus en plus difficile à mesure que le temps passe….
Plus de détails dans « Le Parisien »
Le 14 juin 2021 : « La centrale nucléaire chinoise de Taishan (EPR) présente une «menace radiologique imminente». Le constat viendrait de Framatome, une filiale du groupe français EDF qui a aidé à construire la centrale et en possède toujours des parts, révèle ce 14 juin CNN. Les fuites sont connues depuis plus de 8 mois.
Framatome est une filiale Américaine du groupe français EDF, qui a aidé à construire la centrale et en possède toujours des parts, et doit rendre des comptes aux autorités Américaines. » Source : le Temps (Journal Suisse)
Le 14 juin 2021 : « EDF parle de « gaz rares » qui n’interfèrent pas avec les tissus vivants. ». Rappelons que le radon 222, qui s’échappe naturellement de nos sols, est aussi un gaz rare dit chimiquement inerte, et radioactif.. C’est un produit de la désintégration du radium, ce dernier étant un élément de la chaine de désintégration de l’uranium, qui se termine avec le plomb 206 (stable). On estime que, par inhalation, le radon est responsable de 10% des cancers du poumon en France, devant l’amiante !
C’est donc de la pure désinformation de nous faire croire que puisque ces gaz « inertes » (mais radioactifs) ont peu d’interactions chimiques, il n’y aurait aucun risque lié à la contamination radioactive interne.
Ces gaz se trouvent dans l’eau du circuit primaire, mais lors du processus de « dégazage », il finissent quand-même dans l’atmosphère et peuvent être inhalés.
Source : le blog de Fukushima
Le 15 juin 2021 Cette fuite radioactive sur l’EPR chinois est un billard à trois bandes entre Américains, Chinois et Français. Si l’opacité entretenue par le régime chinois empêche pour le moment de connaître les conséquences précises de la fuite radioactive impliquant l’EPR n°1 de Taïshan, révélée hier 14 juin par CNN, en revanche il est d’ores et déjà possible d’analyser le déroulement de cette affaire et d’en prévoir certaines suites.
La défectuosité de l’étanchéité de gaines de combustibles au sein de l’EPR de Taïshan remonte à octobre 2020, c’est-à-dire qu’elle dure depuis plus de 8 mois : les co-exploitants du réacteur, c’est-à-dire les Chinois et les Français de Framatome, étaient de toute évidence parfaitement conscients de la gravité du problème et avaient conjointement décidé d’en cacher l’existence à la population mais aussi à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique).
Par chance, l’information a fini par « transpirer » vers la filiale américaine de Framatome (Areva NP Inc). Cette dernière, après de très probables discussions avec la CIA et la Maison blanche, s’est fait un plaisir d’en informer CNN. En effet, maintenant que la situation de l’EPR de Taïshan est connue dans le monde entier, il va être compliqué pour les Chinois de continuer à exploiter ce réacteur dans des conditions qui sont très probablement hors de « son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé », contrairement à ce prétend Framatome (canal Français !) pour ne pas froisser les Chinois. Il est de notoriété publique que la Chine et les USA, les deux plus grandes puissances mondiales, sont en grande rivalité géopolitique et économique.
Il est évident que, si l’EPR n°1 de Taïshan et peut-être son jumeau n°2 devaient être stoppés pour longtemps, ce serait embêtant pour la Chine qui manque par moment d’électricité dans cette région. D’où le « petit plaisir » que se font les Américains en révélant l’affaire. Mais cela resterait tout de même un problème limité pour la Chine où, contrairement à ce que l’on peut parfois lire ou entendre, le nucléaire est une énergie marginale couvrant moins de 1% de la consommation d’énergie du pays. En revanche, il est très possible que l’industrie nucléaire française soit la grande perdante de cette affaire qui peut représenter un coup fatal pour les projets d’EDF de construire des EPR en France et à l’étranger. En effet, alors que les chantiers EPR organisés par les Français – Areva en Finlande, EDF à Flamanville (Manche) et en Grande-Bretagne – sont de véritables désastres industriels et financiers, les promoteurs du réacteur EPR se raccrochaient désespérément au « bon exemple » chinois. Car les deux EPR de Taïshan ont été construits et mis en service (respectivement en décembre 2018 et septembre 2019) avec « seulement » quelques années de retard et des surcoûts officiellement limités à quelques milliards (selon la communication de la Chine qui, faut-il le rappeler, est une dictature où l’ « information » est totalement contrôlée).
La situation qui a lieu actuellement en Chine montre que, malgré la prétendue maestria des nucléocrates chinois, les EPR de Taïshan ne se portent pas mieux que ceux que les Français tentent désespérément de construire. Cet évènement va assurément semer un énorme doute chez les rares dirigeants étrangers qui envisageaient encore de commander des réacteurs EPR, malgré tous leurs déboires. «
C’est assurément la goutte qui fait déborder le vase, ou plutôt la fuite radioactive qui fait déborder la cuve (défectueuse) de l’EPR…
De même, cette affaire doit amener les dirigeants politiques français (mais aussi finlandais et britanniques) à prendre enfin leurs responsabilités et à stopper définitivement les chantiers EPR d’Olkiluoto (Finlande), Flamanville (Manche, France) et d’Hinkley Point (Grande-Bretagne), et à cesser d’annoncer de futurs chantiers d’EPR en Inde ou ailleurs. Source : Observatoire du nucléaire
Le 17/11/2021 : depuis l’arrêt du 30 juillet 2021, le réacteur est toujours à l’arrêt, pas de nouvelles d’EDF…
Suivant l’article du Canard Enchaîné du 17/11/2021, EDF n’a encore rien communiqué à propos de Taishan, même pas aux autorités compétentes (ASN, IRSN).
Notons que le 31 mars 2021 l’IRSN s’inquiétait d’un « problème de vibrations observés sur différents réacteurs EPR », pouvant provenir d’un problème de conception. Il y aurait peut-être donc autre chose qu’un problème de corrosion ou de de malfaçon des gaines de combustible… De même Bernard Laponche se demande si l’augmentation d’échelle de 1350 à 1650 MW (pour les EPR) n’a pas augmenté les problèmes techniques. Les changements de disposition et de taille des tuyauteries, ainsi que la géométrie de ce « nouveau modèle » pourraient être à l’origine de ces vibrations et peut-être de ces fuites….
En résumé, les causes possibles du problème pourraient être :
– Une malfaçon de certaines gaines de combustible.
– Une hétérogénéité des pastilles de combustible, provoquant un échauffement anormal à certains endroits.
– Une géométrie particulière du système qui provoquerait une distribution imprévue des neutrons, et donc une fission et un échauffement plus ou moins intense à certains endroits.
– Nous apprenons maintenant qu’il y a des vibrations anormales, peut-être dues à la circulation forcée dans les gaines de combustible plus nombreuses et plus longues, vibrations qui pourraient peut-être aussi endommager ces gaines assez minces.
Normalement, après l’arrêt, ils ont du bien voir quelle était la répartition des gaines qui ont fuité et en avoir tiré des conclusions. Que depuis le 31 Juillet 2021 ils n’aient pas fixé ni communiqué sur le problème est assez inquiétant !
Le 28/11/2021, un article nous apprend que l’incident qui a conduit en juillet à l’arrêt d’un réacteur à la centrale nucléaire EPR de Taishan serait dû à un défaut de conception de la cuve, comme l’affirme samedi la CRIIRAD qui dans son communiqué met en garde contre le risque de problème identique sur d’autres EPR. Cette erreur de conception de la cuve provoquerait les vibrations anormales responsables de l’endommagement d’un certain nombre de gaines de combustible. Il se pourrait donc que ce défaut concerne d’autres EPR, à Flamanville par exemple..
Le 03/12/21 La vidéo de la CRIIRAD:

Le 13/12/2021 Article de Reporterre :
« L’ASN a demandé à EDF de prendre en compte le retour d’expérience de cet événement en amont de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville. Pour cela, EDF devra soit démontrer que l’EPR de Flamanville n’est pas concerné, soit proposer des dispositions pour prévenir la dégradation du combustible », a écrit l’ASN.
« Il y a encore beaucoup de travail à effectuer sur ce chantier en amont des opérations de démarrage, et le retour d’expérience de l’écart de l’EPR Taishan 1 doit avoir lieu », a expliqué le même jour le directeur général adjoint de l’Agence de sûreté nucléaire, Julien Collet, lors de la conférence annuelle des commissions locales d’information (CLI).
Compléments d’information :
Article de Reporterre !
En France également des assemblages de combustibles endommagés
Communiqué de la CRIIRAD à l’ASN le 25 novembre et à la presse le 28 novembre 2011
Page Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Taishan
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