Conflit en Ukraine : fortes inquiétudes en matière de contamination radioactive et de sûreté nucléaire

Mis à jour le 28/02/2020 à 09:41

Depuis le jeudi 24 février 2022, les troupes russes ont pris le contrôle du site de la centrale de Tchernobyl. Depuis des taux de radiation gamma plusieurs dizaines de fois supérieurs aux valeurs des jours précédents ont été mesurés dans cette zone.

Communiqués de la CRIIRAD :

25 février 2022

Aucun des 4 réacteurs n’est en fonctionnement (le dernier a été arrêté en 2000) mais la zone comporte de nombreuses installations à risque (entreposages de combustibles irradiés, sarcophage du réacteur n°4, désormais recouvert d’une arche qui n’est certes pas conçue pour résister à des obus), installation de traitement de déchets radioactifs et multiples entreposages de déchets radioactifs pour la plupart non sécurisés (un grand nombre étant enfouis en vrac dans des fosses simplement recouvertes d’une couche de terre). L’un des termes sources les plus préoccupants est l’entreposage en piscine des assemblages de combustibles irradiés déchargés des réacteurs n°1, 2 et 3. Tout doit être fait pour maintenir en fonctionnement leurs dispositifs de sûreté, ce qui implique que les équipes soient toujours en situation d’assurer les interventions.   Depuis la fin de journée du 24 février, un certain nombre de capteurs de mesure du taux de radiation gamma ambiant situés à proximité de la centrale de Tchernobyl et exploités par l’agence d’État Ukrainienne DAZV, qui gère la zone d’exclusion de Tchernobyl, ont enregistré une forte augmentation du niveau de radiation (multiplication par 20, 30 voire près de 40 selon les points), dans toutes les directions (nord, sud, ouest ou est de la zone) et jusqu’à une trentaine de km de distance, voire plus. D’autres capteurs, en revanche, ne montrent aucune augmentation. Le 24/02 matin, les vents soufflaient plutôt en direction de l’est-sud/est le matin avant de s’orienter du sud vers le nord dans l’après-midi.   Des recherches complémentaires doivent être conduites pour interpréter ces données. Si les débits de dose enregistrés correspondent à des valeurs réelles (par exemple passage d’environ 3 µSv/h à 65,5 µSv/h en quelques heures), la situation est extrêmement préoccupante. D’autant plus que l’on peut logiquement craindre que l’augmentation du rayonnement ambiant (risques d’irradiation externe) s’accompagne de la contamination de l’air, et donc de risques d’inhalation pour les militaires et les civils présents. Cependant, on ne peut exclure l’impact de perturbations électromagnétiques, voire d’une cyberattaque. Le laboratoire de la CRIIRAD s’efforce actuellement de vérifier et recouper les informations. Il suit également l’évolution de la pollution potentielle. Les vents soufflent actuellement en direction du nord et devraient tourner légèrement en direction du nord-nord/est dans l’après-midi.   L’inquiétude concerne également la sécurité des 15 réacteurs des 4 centrales nucléaires de Khmelnitski, Konstantinovka, Rovno et Zaporijjia. Évidemment, il est raisonnable de penser qu’elles ne constituent pas des objectifs militaires mais des situations de conflits sont toujours des situations à haut risque (on se rappelle le crash du vol de Malaysia Airlines, abattu par un tir de missile en 2014). Il est possible de diminuer le risque potentiel en arrêtant les réacteurs mais en matière d’électricité, l’Ukraine dépend à plus de 50% du nucléaire.

A Tchernobyl, les mouvements militaires pourraient expliquer l’augmentation du niveau de radiation
Ce matin (le 25/02) à 8h05, le SNRIU (State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine) a publié un court communiqué sur la situation radiologique dans la zone d’exclusion (environ 30 km autour de la centrale de Tchernobyl). Il indique que les données du système automatisé de surveillance montrent des dépassements des seuils de contrôle du débit de dose gamma en un nombre important de points d’observation. Faute de pouvoir accéder à la zone en raison des combats, il précise qu’il est à ce stade impossible de déterminer la cause de l’augmentation des valeurs.
À 9h, une mise à jour indique que les experts d’Ecocenter établissent un lien entre ces dépassements et la perturbation de la couche supérieure du sol due au déplacement d’un grand nombre d’engins militaires lourds dans la zone d’exclusion et à l’augmentation de la pollution atmosphérique.
Étant donné les niveaux de radioactivité encore très élevés des sols, cette hypothèse est tout à fait plausible (les incendies survenant régulièrement dans cette zone sont responsables d’importantes élévations de la contamination de l’air). En l’absence d’incendie, l’essentiel des poussières radioactives devrait retomber au niveau local et la fraction susceptible d’être inhalée devrait également être moins importante. Des protections respiratoires sont toutefois impératives, le sol contenant, outre le césium 137, du strontium 90, de l’américium 241 et des isotopes du plutonium (en plus du césium 137).
En octobre 2000, la CRIIRAD avait détecté par hasard un point très actif au bord de la route reliant la ville évacuée de Pripiat à la centrale de Tchernobyl. Le débit de dose gamma mesuré à 1 mètre du sol était de 247 microSieverts par heure soit une valeur 2 470 fois supérieure au niveau naturel typique. Le sol était très fortement contaminé par le césium 137 (2,7 millions de becquerels par kilogramme), par tout un cocktail d’autres substances radioactives (cobalt 60, antimoine 125, césium 134, europium 154, europium 155) ainsi que par de l’américium 241 (27 500 Bq/kg), qui est un indicateur de la présence de plutonium.
Ce même communiqué du SNRIU publié ce vendredi matin indique que « l’état des installations nucléaires de Tchernobyl et des autres installations est inchangé ». Une information plutôt rassurante. Peut-on en déduire que, malgré les affrontements, les communications sont maintenues avec les équipes et que celles-ci continuent d’assurer les interventions de sûreté sur le site de Tchernobyl ?
De source officielle, 12 des 15 réacteurs nucléaires étaient en fonctionnement ce matin (étaient déconnectés du réseau électrique le réacteur n°5 de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, le réacteur n°1 de Rivno et le réacteur n°2 de Khmelnitsky).


27 février 2022

Risques de dispersion de matières radioactives liés à la guerre en Ukraine 

La guerre qui a lieu en Ukraine fait courir des risques radiologiques considérables[1] aux populations de la région et bien au-delà.

A / Forte préoccupation concernant la situation radiologique dans la zone d’exclusion de Tchernobyl

Dans ses communiqués du 25 février 2022, la CRIIRAD a fait part de sa forte préoccupation quant à la situation dans la zone de Tchernobyl. C’est un sujet particulier d’inquiétude compte tenu de la quantité et de la nocivité des déchets radioactifs « entreposés » dans ce secteur.

Rappelons que de nombreux capteurs de radiation ont montré, à partir de la soirée du 24 février 2022 des valeurs très nettement anormales. Voir les communiqués CRIIRAD du 25 février 2022 sur la page http://balises.criirad.org/actu_guerre_Ukraine_2022.html. Ces capteurs sont désormais « inactifs », il est donc difficile de déterminer si la situation radiologique a tendance à se normaliser aux alentours de la centrale de Tchernobyl ou si elle se détériore.

Les risques radiologiques à l’échelle régionale, voire bien au-delà, ne peuvent être sérieusement évalués tant que l’origine exacte de ces augmentations n’est pas établie avec certitude (artefact de mesure ? remise en suspension de matériaux radioactifs par des bombardements, incendies, passages d’engins militaires ? Atteinte à des installations de stockage de déchets radioactifs ?, etc.. ) et tant qu’on ne dispose pas de résultats de mesure de l’activité volumique de l’air ambiant dans la zone d’exclusion autour de Tchernobyl et ses alentours. On ne sait pas aujourd’hui précisément quelles équipes sont présentes sur le terrain pour garantir la sûreté des installations nucléaires du secteur.

B / Autres installations nucléaires impactées en Ukraine

Les bombardements et les combats en cours ont touché d’autres installations de stockage de déchets radioactifs en Ukraine.

Le 26 février le State Nuclear Regulatory Inspectorate of Ukraine (SNRIU) avait indiqué qu’un transformateur électrique avait été endommagé sur un site de stockage de déchets radioactifs dans la ville de Kharkiv à l’est du pays, apparemment sans que ne soient signalés des rejets radioactifs.

Ce dimanche 27 février, le SNRIU a confirmé à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique[2] que des missiles ont touché un site de stockage de déchets radioactifs de la State Specialized Enterprise « Radon » à Kiev. Le dispositif de mesure de la radioactivité a été rétabli dans la matinée. Il n’y aurait pas pour l’instant d’indication de dispersion de matières radioactives.

Dans les deux cas, il s’agit d’installations de stockage de sources radioactives périmées et de déchets radioactifs de faible activité provenant de l’industrie et des hôpitaux. Les risques radiologiques pour les personnels et les riverains pourraient être très significatifs en cas de dispersion de matière radioactive. Mais les conséquences pourraient être véritablement catastrophiques en cas d’atteinte grave sur toute ou partie des 15 réacteurs électronucléaires ukrainiens (regroupés sur les 4 sites de Khmelnitski, Konstantinovka, Rovno et Zaporijjia) ou sur la zone de Tchernobyl.


C / Données globales sur le niveau de radiation gamma ambiant en Ukraine

Le laboratoire de la CRIIRAD a consulté les données officielles de surveillance de la radioactivité atmosphérique disponibles pour les environs de Kiev pour la matinée du 27 février 2022.

Aucune augmentation du niveau de radiation n’a été enregistrée par les capteurs en fonctionnement, notamment par :

  • Ceux situés à proximité de Kiev (capteurs situés dans les villes de Horodok[3] et Malyn[3], respectivement à environ 20 et 30 kilomètres à l’ouest de Kiev), mais ce ne sont pas forcément les plus pertinents par rapport à la direction des vents ce matin (vents de nord en direction du sud)
  • • Ceux situés plus au sud dans la direction des vents mais plus éloignés (capteur dans la Ville de Balta[3] , à environ 300 kilomètres de Kiev et ceux de la surveillance des centrales ukrainiennes de Zaporijjia[4] et South Ukrainian[5]).

Les données des pays limitrophes ont également été consultées sur le site européen EURDEP[6]. Ce site centralise les résultats officiels de mesure de la radioactivité gamma ambiante en Europe.

Aucune augmentation de la radioactivité n’a été enregistrée en particulier en Russie, Biélorussie, Lituanie, Pologne ou encore Roumanie pour les stations les plus proches de l’Ukraine (à noter que la publication des résultats de mesure selon les pays n’est pas homogène : une seule mesure par jour pour la Russie et la Biélorussie, alors que les mesures pour les autres pays sont horaires).

NB : pour l’instant le réseau de balises de surveillance de la radioactivité atmosphérique que gère la CRIIRAD en vallée du Rhône n’a mis en évidence aucune anomalie radiologique voir http://balises.criirad.org/

Rédaction : Jérémie MOTTE (responsable du service Balises) et Bruno CHAREYRON (directeur du laboratoire). Approbation : Yves GIRARDOT (directeur général).
 

1Voir par exemple l’article de RFI du 26 février 2022 citant la CRIIRAD : https://www.rfi.fr/fr/europe/20220226-ukraine-interrogations-autour-de-la-question-vitale-de-la-s%C3%A9curit%C3%A9-nucl%C3%A9aire

2 https://www.iaea.org/newscenter/pressreleases/update-3-iaea-director-general-statement-on-situation-in-ukraine

3 Sur le site https://www.saveecobot.com/en/platform/gcsk (qui reprend les données du site officiel https://gcsk.gov.ua/radionuklidnij-monitoring/)

4 Sur le site https://www.saveecobot.com/en/platform/znpp (qui reprend les données du site officiel https://www.npp.zp.ua/)

5 Sur le site https://www.saveecobot.com/en/platform/sunpp (qui reprend les données du site officiel https://www.sunpp.mk.ua/)

Téléchargez les communiqués actualisés





Pas de coopération en matière de combustible nucléaire Framatome/Rosatom à Lingen en Allemagne !

Lingen Kernbrennstoff


Fin du Nucléaire s’associe à la lettre ci-dessous, qui s’oppose à une initiative commune Franco-Russe. La France et la Russie forment une alliance pour être le fer de lance de l’expansion nucléaire en Europe. Nous pensons que c’est irresponsable !

(Versions en allemand et en anglais )

Lingen, Paris, Moscou, 3 février 2022

Pas de coopération en matière de combustible nucléaire Framatome/Rosatom à Lingen

Arrêtez la production de combustible nucléaire – fermez les installations nucléaires !

En février 2021, la société nucléaire française Framatome a annoncé son intention de créer une coentreprise avec la société nucléaire russe Rosatom à Lingen (Emsland, Basse-Saxe, Allemagne) afin de produire des barres de combustible nucléaire. À Lingen, la seule installation de production de combustible nucléaire en Allemagne est en service. Elle fournit du combustible nucléaire aux réacteurs à haut risque en Belgique, en France, en Suisse, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Suède et en Finlande. Framatome est une filiale de l’entreprise nucléaire française EDF, qui appartient presque entièrement à l’État. Rosatom est une entreprise d’État en Russie – à Lingen, c’est sa filiale TVEL qui est chargée de s’activer.

Dès mars 2021, l’Office fédéral allemand des monopoles et des fusions a donné son feu vert à la coentreprise – une décision politique du gouvernement allemand à Berlin n’a pas été prise à ce moment-là. Le gouvernement a déclaré que toutes les informations pertinentes étaient secrètes après que plusieurs députés eurent demandé ces informations. Cependant, l’agence de presse « Der Spiegel » a rapporté en avril que la filiale de Rosatom obtiendrait une part de 25% de la joint venture à Lingen.

Nous exigeons que les gouvernements français et russe se retirent immédiatement de cette coopération nucléaire en Allemagne. Nous attendons du président Macron et du président Poutine qu’ils respectent la sortie du nucléaire en Allemagne. Cela signifie que l’installation de combustible nucléaire de Lingen doit être fermée complètement au lieu de la maintenir ouverte artificiellement par le biais de cette nouvelle initiative commune.

Nous demandons également au gouvernement fédéral allemand de mettre fin à cette coopération nucléaire et d’entamer la fermeture de l’installation de combustible nucléaire de Lingen. À l’heure actuelle, cette installation de combustible nucléaire est – avec l’usine d’enrichissement de l’uranium située dans la ville voisine de Gronau – la seule installation nucléaire allemande qui n’est pas concernée par l’arrêt officiel de l’industrie nucléaire à la fin de 2022. Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’installation de combustible nucléaire de Lingen n’a pas fonctionné à pleine capacité, car de plus en plus de réacteurs vieillissants doivent être arrêtés. Aujourd’hui, la menace réelle est que Lingen devienne une plaque tournante nucléaire franco-russe pour la fourniture de combustible nucléaire à des centrales nucléaires plus vieillissantes dans un certain nombre de pays européens.

Nous craignons que la coopération entre Framatome et Rosatom n’aboutisse à une externalisation de certaines parties de la production de combustible nucléaire russe vers l’Allemagne – entre autres raisons pour contourner les sanctions sévères de l’UE dans le secteur nucléaire. Rosatom est également impliqué dans des projets nucléaires militaires. Le président français Macron appelle publiquement à un régime plus strict à l’égard de la Russie, mais dans le secteur nucléaire, il ouvre volontiers les portes de l’UE à Rosatom. Que le gouvernement allemand joue le jeu de cette hypocrisie nucléaire est à la fois incompréhensible et inacceptable.

Framatome et Rosatom tentent également de relancer le projet, depuis longtemps abandonné, de construction d’une centrale nucléaire à Belene/Bulgarie. L’installation allemande de Framatome à Erlangen (Bavière) est censée jouer un rôle dans ce plan d’horreur. La France et la Russie forment une alliance pour être le fer de lance de l’expansion nucléaire en Europe. Nous pensons que c’est irresponsable.

En outre, nous exigeons que l’Allemagne, la France et la Russie ne signent plus d’accords concernant l’enrichissement de l’uranium – qu’il s’agisse d’uranium enrichi ou de déchets d’uranium appauvri exportés vers la Russie pour un stockage à long terme en plein air dans des « villes fermées ».

Nous sommes d’accord pour dire que l’Europe a besoin de toute urgence d’un processus de dénucléarisation. Cela implique sans aucun doute la fermeture de toutes les installations nucléaires en Allemagne, en France et en Russie. C’est pourquoi nous sommes farouchement opposés à tout accord qui pourrait conduire à une prolongation de l’âge nucléaire. L’énergie nucléaire est extrêmement dangereuse et ne contribue en rien à l’effort international de protection de notre climat. L’avenir de l’Europe doit être basé uniquement sur les énergies renouvelables. Tous les efforts doivent être canalisés dans ce processus.

Cette déclaration est soutenue par (à partir du 21 juin 2021) :

  • 11 maart beweging, Belgien
  • Aachener Aktionsbündnis gegen Atomenergie
  • Aktionsbündnis Münsterland gegen Atomanlagen
  • Aktionsbündnis « Stop Westcastor » Jülich
  • AntiAtom Bonn
  • AntiAtom-Bündnis Niederrhein
  • Anti-Atom-Forum Lingen
  • AntiAtom-fuku, Düsseldorf
  • Anti-Atom-Gruppe Freiburg
  • Antiatomgruppe Osnabrück
  • Arbeitsgemeinschaft Schacht Konrad
  • Arbeitskreis Frieden Nordhorn
  • Arbeitskreis gegen Atomanlagen Frankfurt am Main
  • Arbeitskreis Umwelt (AKU) Gronau
  • Arbeitskreis Umwelt (AKU) Schüttorf
  • Atomreaktor Wannsee dichtmachen
  • aufpASSEn, Kneitlingen
  • Bayern Allianz für Atomausstieg und Klimaschutz
  • Beyond Nuclear
  • Bielefeld steigt aus
  • Brokdorf akut
  • BISS – Bürgerinitiative Strahlenschutz, Braunschweig
  • BUND (Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland), Bundesverband
  • BUND, Landesverband Niedersachsen
  • BUND, Landesverband Nordrhein-Westfalen
  • BUND, Regionalgruppe Münsterland
  • BUND, Regionalverband Hochrhein
  • BUND, Regionalverband Südlicher Oberrhein
  • BUND, Kreisgruppe Borken
  • BUND, Kreisgruppe Emsland
  • BUND, Kreisgruppe Grafschaft Bentheim
  • BUND, Kreisgruppe Münster
  • BUND, Kreisgruppe Steinfurt
  • BUND Naturschutz Bayern
  • Bundesverband Bürgerinitiativen Umweltschutz (BBU)
  • Bündnis 90/Die Grünen, Kreisverband Borken
  • Bündnis 90/Die Grünen, Kreisverband Emsland
  • Bündnis 90/Die Grünen, Kreisverband Grafschaft Bentheim
  • Bündnis 90/Die Grünen, Kreisverband Steinfurt
  • Bündnis 90/Die Grünen, Kreisverband Warendorf
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Altenberge
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Drensteinfurt
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Emsland Mitte
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Emsland Süd
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Gronau
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Ochtrup
  • Bündnis 90/Die Grünen, Ortsverband Telgte
  • Bündnis für Atomausstieg und erneuerbare Energien Regensburg
  • Bure Zone Libre, Frankreich
  • Bürgerinitiative « Kein Atommüll in Ahaus »
  • Bürgerinitiative Umweltschutz Hamm
  • Bürgerinitiative Umweltschutz Lüchow-Dannenberg
  • Bürgerinitiative Zukunft ohne Atom, Waldshut-Tiengen
  • CANAM (Commission Antinucléaire des Alpes-Maritimes), Frankreich
  • Climate Express, Belgien
  • Comité Régional d’information sur le Nucléaire, Region Pays de la Loire, Frankreich
  • ContrAtom
  • CSFR (Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la Plaine du Rhin), Frankreich
  • Delfina e. V.
  • DFG-VK Münster
  • Die Linke, Landesverband NRW
  • Die Linke, Kreisverband Borken
  • Die Linke, Kreisverband Coesfeld
  • Die Linke, Kreisverband Emsland
  • Die Linke, Kreisverband Grafschaft Bentheim
  • Die Linke, Kreisverband Münster
  • Die Linke, Kreisverband Wendland
  • Die Linke, Kreisverband Steinfurt
  • Die Linke, Ortsverband Gronau
  • Don’t Nuke the Climate
  • Emder Friedensforum
  • Enschede voor Vrede, Niederlande
  • Elternverein Restrisiko Emsland
  • ethecon – Stiftung Ethik & Ökonomie
  • Fin du Nucléaire, Belgien
  • Fossil Free Münster
  • Frauen für den Frieden, Finnland
  • Frauen gegen Atomkraft, Finnland
  • Fridays for Future Münster
  • Friedenskooperative Münster
  • Global Challenges Network
  • Grün-Alternative Liste (GAL) Gronau
  • Grup de Científics i Tècnics per un Futur No Nuclear, Katalonien
  • Ialana Deutschland
  • Initiative 3 Rosen, Aachen
  • Initiative AtomErbe Obrigheim
  • International Socio-Ecological Union, Russland
  • IPPNW (Internationale Ärztinnen für die Verhütung des Atomkriegs – Ärztinnen in
  • sozialer Verantwortung), Sektion Deutschland
  • IPPNW / PSR, Sektion Schweiz
  • IPPNW, Ortsgruppe Münster
  • Klimabündnis Hamm
  • Klimaforum Detmold
  • LAKA Foundation, Amsterdam, Niederlande
  • Nature of Siberia, Region Krasnojarsk, Russland
  • Naturschutzbund Salzburg, Österreich
  • Natur- und Umweltschutzverein (NUG) Gronau
  • Nuclear Free Future Foundation, München
  • Observatoire Remuer, Dieppe, Frankreich
  • Parents for Future, Köln
  • Parents for Future, Solingen
  • Plattform gegen Atomgefahren (PLAGE) Salzburg, Österreich
  • « Program against nuclear and radiological threats », Russian Socio-Ecological Union,
  • Russland
  • Public Council of the southern coast of the Finnish Gulf, St. Petersburg, Russland
  • RASN – Rhȏne-Alpes sans nucléaire, Frankreich
  • Reiterinnen und Reiter für den Frieden
  • Rhȏne-Alpes sans Nucléaire, Frankreich
  • Robin Wood
  • Sayonara Nukes Düsseldorf
  • Schweinfurter Aktionsbündnis gegen Atomkraft (SWAB)
  • Schweizerische Energie-Stiftung (SES), Zürich, Schweiz
  • SOFA (Sofortiger Atomausstieg) Münster
  • Sortir du nucléaire Aude, Frankreich
  • Sortir du nucléaire Isère, Frankreich
  • Sortir du nucléaire Paris, Frankreich
  • Sortir du nucléaire Suisse, Schweiz
  • Stop Tihange Deutschland
  • Students for Future, Münster
  • Umweltforum Münster
  • Umweltinstitut München
  • uranium-network.org
  • urgewald
  • Vahlberger Asse Aktivisten (VAA)
  • Vivre Sans le Danger nucleáire de Golfech, Stop Golfech, Frankreich
  • Vrouwen voor Vrede Enschede, Niederlande
  • WISE, Niederlande
  • Wolfenbütteler Atom(undKohle)AusstiegsGruppe (WAAG)
  • X-tausendmal quer, Regionalgruppe Hamburg

La Belgique approche de la fin du nucléaire !

Le réacteur hutois s’est arrêté automatiquement pendant un test le 21/04/2021. Conséquence : le prix du courant sur le marché de gros a battu un record.

LES CRITÈRES SONT REMPLIS. EN PRINCIPE, TOUT EST EN ORDRE POUR FERMER LES CENTRALES !

  • Sécurité d’approvisionnement : « le CRM permettra de garantir la sécurité d’approvisionnement »
  • Impact « limité » sur les prix

    [Illustration : Le réacteur de Tihange2 s’est arrêté automatiquement pendant un test le 21/04/2021. Conséquence : le prix du courant sur le marché de gros a battu un record. C’est le manque de fiabilité des réacteurs éventuellement prolongés qui aurait un impact sur le prix à la consommation ! ]

Le gouvernement n’a pas encore pris sa décision, le débat continue, incluant une stratégie énergétique incluant du « nouveau nucléaire » dans le moyen ou plutôt le long terme…

Le MR (parti libéral francophone, partenaire gouvernemental), apparemment en collusion avec Engie, et la NVA (Nationalistes Flamands, très ultralibéraux et proches de l’extrême droite, dans l’opposition, mais contrôlant plusieurs communes clés) font le forcing pour garder deux réacteurs et proposer l’installation de nouveaux réacteurs… ceux-là même qui, il n’y a pas très longtemps, se disaient totalement favorables à la fermeture définitive du nucléaire en 2025 n’ont donc pas hésité à trahir leur propre parole.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, propose mercredi, dans les colonnes de l’Écho, d’utiliser une part des profits de la prolongation du nucléaire pour faire baisser la facture des plus vulnérables et des classes moyennes, groupes qu’il estime menacés en jouant sur les peurs, alors que le rapport précise que les augmentations de prix seront très limitées.

Par ailleurs, tout le monde convient que les actuelles augmentations des coûts de l’énergie n’ont rien à voir avec la sortie du nucléaire… ce n’est pas la petite Belgique qui peut avoir la moindre influence sur ces coûts !

Rappelons enfin que la prolongation coûterait cher : à peu près 1,6 milliards d’euros. Qui va les payer? Pour le moment, Engie refuse ! Sera-t-il possible de mettre à niveau les deux réacteurs pour 2025 et commander le combustible, l’agenda semble plus que serré?
Qui paiera le vrai coût du démantèlement et des déchets ? Et que feront-nous si Engie se déclare insolvable et rapatrie tous ses avoirs à Paris sous la protection de BNP Paribas ?





RTBF 02-12-21 Interview de Jean-Marc Nollet
« Deux questions étaient posées. Il y a deux réponses qui sont amenées », résume Jean-Marc Nollet. En cas d’arrêt des réacteurs nucléaires, pour la sécurité d’approvisionnement, « il y aura de quoi avoir de l’électricité dans les usines, les entreprises et les familles », répond Jean-Marc Nollet. Quant au coût pour les consommateurs, il y aura « un maximum par ménage, par an de 15€ », complète le co-président d’Ecolo. En revanche, pour lui, l’autre scénario, celui où le nucléaire resterait une option via la prolongation de deux réacteurs, « vous avez entendu les responsables d’Engie (le gestionnaire des centrales), ils vont faire augmenter les prix. Ils ont besoin d’investissements, il faudra gérer les déchets« , avertit Jean-Marc Nollet.
Et donc, pour le co-président d’Ecolo, « le gouvernement est en capacité de décider politiquement« 

RTBF 02-12-21 Nucléaire : un rapport très attendu ouvre la porte à une sortie complète dès 2025

7 zur 7 – 01-12-21 Le MR veut utiliser la prolongation du nucléaire pour réduire la facture d’énergie

Mis à jour le 03-12-21 à 16:37

Manifestation à Kleine Brogel le 26/09/21 pour le retrait des armes nucléaires présentes sur le sol belge

La Belgique héberge sur son sol au moins une dizaine de bombes nucléaires B61.
Nous ne connaissons pas la puissance des bombes belges actuelles, mais c’est certainement plusieurs fois Hiroshima (estimé à moins de 18 kt, soit moins de 18 000 tonnes de TNT).

La B611 est une famille de bombes (A ou H ) allant de quelques kt (armes nucléaires tactiques) jusqu’à 340 kt de TNT, qui peuvent être aéroportées.

Leur présence sur la base de Kleine Brogel est un secret de polichinelle, le gouvernement Belge n’a jamais officiellement ni confirmé ni démenti non plus leur présence, et on aura remarqué que Charles Michel a préféré choisir de commander l’avion de chasse américain F35, qui a la capacité de porter et larguer les bombes en question et sera surtout adapté au nouveau modèle B61-12 !


Des armes nucléaires sont présentes dans l’armée belge depuis 1964, en secret et donc en dehors de tout processus démocratique :

Armes nucléaires en Belgique

Rappel des objectifs de l’association « Fin du Nucléaire » :

  • L’arrêt immédiat des réacteurs belges.
  • Le retrait immédiat des armes atomiques étasuniennes du sol belge.
  • Le désarmement nucléaire.
  • La suppression de l’accord datant de 1959 qui inféode l’Organisation mondiale de la santé (OMS – WHO) à l’ Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA – IAEA), le lobby atomique officiel.

Les réacteurs nucléaires au thorium, une fausse bonne idée

Les réacteurs à sels fondus et au thorium¹, étant plus simples, plus sûrs et moins coûteux à construire, auraient normalement dû être un choix judicieux au début de l’ère nucléaire. Il n’en a rien été, suite aux décisions politiques et militaires liées à l’armement nucléaire².
Peut-on les remettre en œuvre maintenant et cela a-t-il un intérêt ?

L’expérience du passé est partiellement récupérable, la génération des inventeurs est passée, et des mises en situation réelle doivent encore être faites, portant notamment sur la résistance à long terme des installations soumises à un milieu corrosif à haute température et en milieu radioactif. Déjà qu’il faut plus de dix ans pour construire une centrale classique, on ne prévoit pas une mise en route commerciale avant 10 ou 15 ans au minimum, et l’urgence climatique n’attend pas ! La France, embourbée dans le projet EPR et les “problèmes financiers” de son secteur nucléaire, n’est semble-t-il pas prête à investir dans cette voie…

Le problème des déchets n’est pas résolu, il y en a seulement moins, et moins de radionucléides à très longue durée de vie.

Tous les projets connus de réacteurs à sels fondus ont été arrêtés et démontés, sauf peut-être en Inde ou le projet AHWR est en “développement” depuis 20 ans . On peut se demander si ces échecs sont uniquement du à des facteurs externes, ou si de sérieux problèmes ont été rencontrés par les inventeurs, qui préféreraient ne pas en parler.
Dans la vidéo d’Arte2, l’ingénieur Arvin Weinnberg ne trouve aucun défaut aux réacteurs à sels fondu, cela manque de nuances.

Les Chinois annoncent ces jours-ci la construction d’un réacteur à sels fondus dans le désert de Gobi³, ils mettent une priorité à ce projet c’est donc une affaire à suivre.
Ils risquent de nous surprendre, car ils prévoient un prototype à taille réelle en 2030 !

Et comme expliqué plus bas, le risque de prolifération est toujours présent, il est possible de créer des armes nucléaires à partir de la filière du thorium.

Pour cette “nouvelle” version du nucléaire dit civil les points négatifs dépassent les avantages techniques, d’autant plus que cette “solution” n’est pas une réponse au dérèglement climatique :

  • problème des déchets non résolu ;
  • manipulation de substances dangereuses, dès l’extraction minière ;
  • risque élevé de prolifération nucléaire ;
  • risque d’accident non nul ;
  • incertitudes sur la fiabilité et la durée de vie de cette filière, qui n’a pas encore été testée en production ;
  • pas de disponibilité commerciale avant 10 ou 15 ans.

Les réacteurs à sels fondus

Différentes voies ont été proposées pour exploiter l’énergie du thorium, mais l’exploitation du thorium par des réacteurs nucléaires à sels fondus paraît aujourd’hui être la voie la plus prometteuse.

Le thorium ne permet pas de démarrer la réaction nucléaire, on dit que le thorium est “fertile” et non “fissile”. L’image montre qu’il faudra une source de neutrons, soit l’U235 ou le Pu239, ou un accélérateur de particules, pour démarrer le cycle, car le thorium¹ n’émet pas de neutrons :

Cette filière a été explorée il y a des dizaines d’années, des prototypes ont fonctionné aux USA, en Chine,… mais l’idée a été abandonnée, et maintenant les Chinois annoncent une concrétisation de ce type de réacteur. Que s’est-il passé ?

La filière uranium/plutonium dans un réacteur à eau pressurisée a été avantagée par les divers “complexes militaro-industriels”, car liée au nucléaire militaire, et ce type de réacteur semblait idéal pour équiper les sous-marins nucléaires. Les énormes investissements dans cette technique ont servi à créer les réacteurs civils, en promettant à l’époque “au peuple” une énergie “bon marché et illimitée”, mais surtout assurer la production de plutonium et d’uranium enrichi pour l’armement nucléaire. En fait, le nucléaire civil a servi de justification au nucléaire militaire, et c’est encore le cas aujourd’hui dans les pays tentés par la prolifération, le risque de prolifération est un peu moindre avec la filière du thorium, mais il n’est pas pas nul du tout.

La filière du thorium a été sous-investie, seuls quelques prototypes ont été réalisés, même s’il est prouvé que cela fonctionne, d’une part la génération des inventeurs a quasi disparu, et il reste à investir du temps et des recherches pour évaluer le vieillissement des matériaux du circuit primaire d’un réacteur à sel fondu, soumis à des températures assez élevées (plus de 600°C), dans un milieu très corrosif et soumis à de fortes radiations pendant des dizaines d’années. Difficile d’évaluer la durée de vie d’un réacteur de cette filière. Les Chinois semblent en avance dans ce domaine³.

Par contre, ni en France (embourbée dans la piste de l’EPR !) , ni aux USA, on n’est prêt à mettre un réacteur commercialement utilisable en marche avant au moins dix ans, et le dérèglement climatique nous montre que le temps presse.

Aspects techniques : avantages et inconvénients

Schéma d’un réacteur à sels fondu au thorium :

  • Le réacteur à sels fondus au thorium ne peut démarrer qu’en présence dU235 enrichi à 20% ou de Pu239 et il consiste en la création continue dU233, on nest donc pas sorti du cycle classique de luranium et du plutonium ! La première fois, il faut un certain temps pour accumuler la quantité d’U233 nécessaire à entretenir la réaction.
    Le thorium seul n’a donc d’intérêt que si de l’U233 est produit en permanence, avec pour corollaire son dangereux descendant lU232, dans une logique de surgénérateur, où les neutrons produits contribuent à créer de l’U233 à partir du Th232. Notons que l’essentiel de l’énergie de la réaction vient de l’uranium 233 fissile et non du thorium.
  • (-) L’utilisation du thorium dans nos réacteurs actuels (sans surgénération) est possible, mais n’a pas d’intérêt, et augmenterait encore la dangerosité des déchets par accumulation d’U232.
  • (-) La production de déchets est inévitable, comparable à celle des réacteurs actuels, bien qu’en moindre quantité , et un filtrage très fréquent et robotisé du liquide permettra d’assurer la continuité des opérations. Hautement radioactifs pendant des centaines d’années, ces déchets sont classés dans la catégorie des plus dangereux : HAVL, Haute Activité à Vie Longue. Il y a en particulier production, certes en faible quantité, des isotopes du protactinium, dont le Pa231 ⁴ qui a une demi-vie de 32 760 ans, encore plus longue que celle du Pu239 (24.000 ans), et même de l’iode 129, qui a une demi-vie de plusieurs millions d’années. Mais il y a moins de production de plutonium, pas de Pu239, seulement du Pu238 (87,75 ans) et peu d’autres déchets à longue vie. L’U232 ( 68,9 ans) est aussi très difficile à retirer et est hautement toxique et radioactif. L’U233 a une demi-vie de 159 200 ans. Continuellement produit et continuellement détruit par fission, il ne s’accumule en principe pas et peut être filtré et réutilisé dans le cycle de production suivant.
  • (-) Les sels fondus utilisés sont des fluorures de lithium (LiF) ou de béryllium (BeF2), de thorium (ThF4), et d’U233 (UF6). Le fluorure de béryllium et celui de lithium sont corrosifs et hautement toxiques. L’UF6 est en plus instable en cas de fuites.
  • (-) Danger de prolifération : Il est possible de faire des armes nucléaires avec l’U233,.
    Retirer en toute sécurité le U232 n’est pas à la portée de terroristes amateurs. L’U232 n’empêche pas de faire exploser l’U233, mais s’il reste de l’U232 collé à l’U233, son très fort rayonnement gamma, qui transperce beaucoup de blindages, permet des contrôles efficaces des services dédiés à la lutte contre la prolifération. On peut aussi objecter que l’U233 est continuellement produit et fissionné dans une installation de production d’électricité au thorium et donc ne devrait pas s’accumuler, mais le problème souvent passé sous silence est que le protactinium 233 filtré et extrait du liquide se transmute en U233 en quelques mois et peut donc servir à faire une arme nucléaire à l’uranium 233 exempt d’U232, Pu238 et autres produits de fission.
    Il y a donc de toute façon un risque de prolifération avec cette filière !
  • (+) L’extraction du thorium est plus sûre et plus efficace que celle de l’uranium. Le minerai de thorium, la monazite, contient généralement des concentrations plus élevées de thorium que le pourcentage d’uranium trouvé dans son minerai respectif. Cela fait du thorium une source de combustible plus rentable et moins dommageable pour l’environnement.
    De plus, le minage des “terres rares” produit une quantité importante de minerai de thorium que l’on considère aujourd’hui comme un déchet !
    L’extraction du thorium est également plus facile et moins dangereuse que celle de l’uranium, car la mine est une mine à ciel ouvert – qui ne nécessite aucune ventilation, contrairement aux mines d’uranium souterraines, où les niveaux de radon peuvent être potentiellement dangereux. Le danger pour les mineurs de thorium est moindre, mais pas nul !
    Rappelons qu’un réacteur nucléaire classique de 1 GW nécessite annuellement l’extraction de 200 000 tonnes de minerai et le rejet de 800 000 tonnes de déchets stériles, dont le taux d’uranium est trop faible pour être exploité, mais qui polluent quand même l’environnement.
  • (+) Contrairement à l’uranium, le thorium ne nécessite pas d’enrichissement, très coûteux en énergie ! (Sauf pour l’U235 enrichi à 20% nécessaire au démarrage). Les pionniers ont inventé l’enrichissement, car pour faire leurs bombes, ils voulaient exploiter le seul élément naturel fissile, l’U235, qui malheureusement ne se trouve qu’en faible quantité mélangé à de l’U238.
  • (-) La radiotoxicité du thorium 232 : si la valeur limite d’exposition annuelle des travailleurs du nucléaire est de 20 mSv, cela correspondrait à 44,4 mg de thorium 232 inhalé, ce que certains présentent comme acceptable, mais ces valeurs sont celles du thorium 232 seul; or le thorium naturel est en équilibre séculaire avec ses descendants, ce qui impose de considérer les radiotoxicités de ceux-ci. Pour cette raison le thorium est un radionucléide dangereux. Le minerai n’est donc pas moins dangereux que celui de l’uranium.
  • (+) Amélioration de la sécurité : cette filière permet d’éviter une explosion d’hydrogène puisque le fluide caloporteur est du sel fondu, et non de l’eau, qu’il n’est pas sous pression et que le combustible est sous forme liquide et n’est plus contenu dans des gaines de zirconium. En cas de surchauffe ou d’arrêt d’urgence, la masse liquide peut se vider automatiquement vers le bas dans un réservoir dont la forme et la dimension diminuent la « masse critique », et la réaction devrait s’arrêter. Une simple dilatation, dilution ou vidange du liquide, arrête la réaction. Pas de “corium” possible. Le pire serait une rupture de la cuve, mais cela aussi arrêtera la réaction, et une seconde enceinte devrait contenir les produits radioactifs .
    Si la fuite de ce mélange de fluorures entre en contact avec de l’air humide, il peut se produire une émission de fluorure d’hydrogène (HF) très corrosif, dangereux pour la peau et les voies respiratoires. Mais c’est de toute façon beaucoup plus sûr que les systèmes de sécurité et de refroidissement des réacteurs à eau pressurisée. Les risques d’accident sont réduits par rapport aux réacteurs à eau pressurisée, ou pour le dire autrement, les inventeurs historiques ont choisi une voie compliquée et dangereuse : enfermer du combustible solide dans des gaines métalliques plongées dans de l’eau à très haute pression, où des milliers de tuyaux doivent être parfaitement étanches. Ensuite, le combustible usé doit être retiré après arrêt de la machine, et retraité à l’état liquide après dissolution dans des solutions acides, retraités pour peut-être en refaire des pastilles d’oxydes solides d’uranium ou de MOX (mélange uranium/plutonium)…
    Le filtrage automatique en continu du combustible à sels fondus simplifie grandement les opérations, même si le problème des déchets n’est pas résolu !
  • (+) En dehors du circuit primaire, le réacteur à sels fondus utilise aussi des sels fondus dans le premier échangeur de chaleur – voir le schéma ci-dessus. Contrairement aux centrales classiques, le prototype chinois parviendrait à se passer presque totalement d’eau !

Notes


¹ Le thorium naturel n’est constitué que d’un seul isotope, le thorium 232 (noté Th232 ), à très longue période radioactive (14 milliards d’années), émettant des particules alpha. Tous les isotopes du thorium sont radioactifs. Le thorium se trouve en petites quantités dans la plupart des roches et sols, il est quatre fois plus abondant que l’uranium, à peu près aussi fréquent que le plomb. Un terrain normal contient en moyenne environ 12 parties par million (ppm) de thorium. Le Th232 est un isotope fertile : en absorbant un neutron, il se transmute en thorium 233 (radioactif), qui se désintègre ensuite en protactinium 233 (radioactif), qui se désintègre à son tour en uranium 233, fissile, donc susceptible de créer une réaction en chaîne. Plusieurs autres nucléotides sont aussi créés par addition ou soustraction de neutrons !
Note : un accélérateur ne peut accélérer des neutrons, mais peut en générer indirectement par la collision d’un faisceau accéléré de particules chargées sur une cible adéquate.

² La face gâchée du nucléaire, Documentaire sur Arte (1h 30)
Ce documentaire donne la parole à Alvin Weinberg, un des inventeurs de la filière du thorium, et montre comment et pourquoi cette solution a été désinvestie et mise sur le côté. Et tout le monde a copié les Américains, les Français ont abandonné les essais (graphite-gaz, etc.) pour finalement travailler avec des brevets américains ou s’en inspirer.
À voir.
N.B.
Ce sont des ingénieurs US qui ont conçu les réacteurs à eau de Fukushima Daïchi, et qui, c’est malheureux, on fait construire cette centrale au niveau de la mer après avoir fait excaver la colline préexistante, parce qu’il leur semblait plus judicieux d’installer les réacteurs juste au niveau de l’eau… Et à la merci d’un tsunami !

³ Deux articles sur le nouveau projet chinois :
https://trustmyscience.com/chine-souhaite-commercialiser-reacteurs-nucleaires-thorium-2030/
https://www.france24.com/fr/%C3%A9co-tech/20210910-nucl%C3%A9aire-pourquoi-la-chine-veut-se-doter-d-un-r%C3%A9acteur-au-thorium


Fiche Wikipedia et protactinium et prolifération
Normalement le Pa231, de très longue durée de vie (32700 ans), ne devrait pas apparaître, car le protactinium n’est qu’un intermédiaire de la réaction qui transforme le thorium 232 en uranium 233.

Mais il peut se créer aussi du Pa231 par réduction neutronique du Pa233 (perte de neutrons suite à des collisions) . Il y a aussi parmi les produits de fission de l’Iode 129, à très longue durée de vie (15.7 millions d’années).

Sources

Le thorium et le cycle du thorium

Fluorure de béryllium 

Fluorure de lithiu

Hexafluorure d’uranium UF6

Toxicité de l’UF6; toxicité de l’HF

Point de vue de SDN : http://www.sortirdunucleaire.org/Le-reacteur-au-thorium-une-nouvelle-impasse

L’experte Helen Caldicott se prononce contre les nouveaux réacteurs à sels fondus en Australie. Elle nous dit que les essais se sont arrêtés suite à de graves difficultés techniques.

https://wiseinternational.org/nuclear-energy/thorium-new-and-improved-nuclear-energy

Peut-on encore reconsidérer la sortie du nucléaire en Belgique ?

Non. Le point de non-retour est atteint, notamment parce qu’Engie ne fera plus les investissements nécessaires à une prolongation des équipements ¹, et que l’Europe vient de donner son accord au mécanisme de rémunération de capacité (CRM). Le seul blocage potentiel est le sabotage des communes flamandes qui en ce moment refusent les permis de bâtir des centrales au gaz d’appoint.

Voici notre réponse aux arguments de l‘article paru en contribution externe dans “le Soir” le 21/08/21, émanant du “think tank Horizon 238” dont le titre exact est “Nous demandons au gouvernement de reconsidérer la sortie du nucléaire”.

Les énergies renouvelables, pierre angulaire de la transition énergétique, ne seront pas suffisantes pour décarboner notre société à temps.” ²

C’est pourtant possible, comme nous le disent Samuel Cogolati (Ecolo), le Pr Ronnie Belmans et Arnaud Collignon (IEW). ³

Mais ce qui est le plus important, c’est que la crise climatique nous montre que nous consommons trop d’énergie et de ressources, et que la première chose à faire c’est de revoir notre mode de vie basé sur l’hyper consommation (de vêtements, gadgets, etc.) et de promouvoir les économies à tous les niveaux.

Par exemple, à Liège, arrêter l’augmentation du trafic aérien et des échanges à grande distance inutiles et même nuisibles à notre économie locale.

La stabilité et l’approvisionnement sont garantis, avant ou sans la sortie complète du nucléaire, grâce au stockage (notamment les batteries, Coo), les connections à l’étranger, et l’utilisation partielle du gaz. Notons que les nouvelles centrales à gaz ont une meilleure efficacité que les anciennes (jusqu’à 63%) et qu’elles pourraient être conçues pour, dans le futur, brûler de l’hydrogène ou de nouveaux carburants (biométhane). Le partage de la production d’électricité à moyenne échelle est la meilleure manière d’équilibrer les productions renouvelables, pour compenser les irrégularités locales de production dues à la météo, notamment.

L’ONU publiait un rapport indiquant que l’accident nucléaire n’avait eu aucun effet néfaste sur la santé des habitants de Fukushima…. et qu’aucun élément scientifique n’avait démontré que l’énergie nucléaire était plus nocive pour la santé ou l’environnement que d’autres technologies déjà incluses dans la taxonomie, telles que l’éolien ou le solaire.

Ceci est complètement faux, les faibles doses de radiation sont nocives, il n’y a pas de seuil en dessous duquel il n’y a pas d’effets, et les dommages sur la santé des habitants et des travailleurs à Fukushima ne sont pas négligeables, tout comme sur la faune et la flore.

Le problème est que l’OMS, l’AIEA et l’UNSCEAR ne peuvent être qualifiés de rapporteurs objectifs dans cette histoire.  Pour ce qui est de Tchernobyl, nous avons reçu de l’association « Les Enfants de Tchernobyl »des informations sanitaires sérieuses venant d’Ukraine et de Biélorussie, qui contredisent l’optimisme des autorités locales et de l’OMS… Les projets entrepris par les autorités sensées protéger la population des dangers de la radioactivité à Fukushima et Tchernobyl sont en réalité des projets d’accommodation Europe à rassurer la population et l’aider « à vivre avec la radioactivité », suivant des calculs discutables qui souvent modifient la vie quotidienne : pas plus d’autant d’heures par mois dans la forêt ou d’autres lieux précis, vivre plutôt à l’intérieur, ne pas manger trop de champignons ou de fruits de la forêt, etc. Et de remonter les normes (casser le thermomètre !) à 20 fois la radioactivité naturelle pour simuler un semblant de normalité…

Nous sommes responsables de nos émissions de gaz à effet de serre et nous ne pouvons pas nous reposer sur nos voisins via le système de quotas d’émissions – l’ETS, et importer massivement gaz et électricité.

Le gaz ne sera pas utilisé massivement, juste pour appoint ! Le système ETS est un projet de partage des productions de CO₂ visant à une diminution collective de la production de CO₂ au niveau européen, il est basé sur un prix du carbone. Comme le gaz est mieux valorisé que le charbon d’au moins un facteur deux, l’utilisation du gaz contribuera à la diminution progressive du charbon en Europe. Le but premier est l’arrêt du pétrole et du charbon pour diminuer le CO₂ de 50% en 2030 et arriver à zéro carbone le plus vite possible.

Notons que les prix de l’électricité et du gaz seront influencés par la transition énergétique et d’autres facteurs , mais ne dépendent en aucune manière de la suppression ou de la non-suppression des deux centrales Tihange 3 et Doel 4. Cependant rappelons qu’à ce stade, la prolongation éventuelle coûtera 1 milliard d’euros au contribuable belge (et pas à Engie !).

Il ne faudrait pas perdre le savoir nucléaire et le projet Myrrha
“La prolongation de deux centrales c’est pas que du CO₂, c’est surtout le maintien de l’expertise belge nécessaire si l’on veut bénéficier des révolutions technologiques nucléaires..
.
« 

À Tihange, les pertes sont estimées à 1000 emplois directs et 2000 emplois indirects, mais 700 emplois sur le site sont garantis pendant plus de 25 ans pour le démantèlement et la gestion des déchets. L’entreposage à sec est prévu pour au moins 80 ans !

Si ce projet Myrrha développé à Mol peut aider à traiter les déchets nucléaires et à diminuer un peu leur dangerosité, pourquoi pas, des déchets, on ne sait plus où les mettre : mais cela n’a rien à voir avec la fermeture ou non des centrales !

L’expertise nécessaire à la création de nouvelles centrales : c’est fini de toute façon pour la Belgique et de nouveaux prototypes de centrales “plus sûres” ne pourront pas être pris en compte avant 20 ans, et nous ne pouvons pas attendre…

La Commission européenne a déclaré le démantèlement comme un pôle d’excellence à développer : le secteur nucléaire peut et doit travailler sur les déchets et le démantèlement, il y a du boulot pour des dizaines d’années même sans aucun réacteur belge en fonctionnement !

Et il en faudra de l’expertise pour arriver à démanteler les centrales dans les délais prévus de manière optimiste soit vers 2045 !



Fin du Nucléaire asbl
Rue J. Servais 58
4430 ANS
Tel. 04 / 27 06 61
info @ findunucleaire.be
https://www.findunucleaire.be/


Notes

¹ En fait, Engie n’a plus l’intention d’investir dans une prolongation des deux réacteurs, mais si cela s’avère nécessaire, Engie pourrait demander au contribuable belge de débourser le milliard d’euros nécessaires, argent qui sera perdu pour l’investissement dans le renouvelable. Les délais techniques d’implémentation du prolongement rendent de plus en plus difficile de garantir la réalisation ce prolongement de manière sûre pour 2025.

² La Belgique consomme annuellement 462 TWh, les centrales Tihange 3 et Doel 4 produisent 15 TWh, soit 3% de l’énergie totale utilisée en Belgique, hors transport aérien et naval.

³ La production de CO₂ augmenterait au niveau belge de 2 à 4 % en 2026 selon le Bureau du Plan, et ensuite décroitrait jusqu’à être en réduction d’un million de tonnes de CO₂ en 2030, selon le Pr Belmans. Ceci bien sûr avec les 2 ou 3 centrales au gaz prévues. Notons que Mme Marghem parle de 9 centrales au gaz et donc de 12 % d’augmentation de CO₂, ce qui n’est plus d’actualité, ce n’est rien d’autre que de l’enfumage !
Extrait de la Dernière Heure du 03/09/21 :


Déjà actuellement, les centrales nucléaires font obstacle à la diminution de CO₂, non seulement parce qu’ils en produisent au moins autant que l’éolien, mais que les réacteurs nucléaires ne sont pas pilotables : lorsque l’éolien off-shore produit beaucoup d’électricité (par exemple la nuit), et que la production excède la demande, et qu’on n’est pas en état de revendre ou de stocker cette énergie, on est obligé d’arrêter les éoliennes, parce que ce n’est pas possible d’arrêter rapidement un réacteur nucléaire… Oui, le nucléaire pêche par son manque de flexibilité, et il est souvent intermittent à cause des nombreuses pannes qui accablent les centrales en fin de vie.


Le nucléaire, une énergie décarbonée capable de diminuer les émissions de CO₂ au niveau mondial ?

En ce moment où la catastrophe climatique devient évidente, il y a une offensive généralisée des pro-nucléaires pour tenter de nous faire croire que l’énergie nucléaire « décarbonée » serait « la solution » pour limiter l’augmentation des gaz à effet de serre.

Le nucléaire produit aussi des gaz à effet de serre (GES (1)), dont du CO₂, et pas en quantité négligeable, c’est très simpliste de dire que parce que la fission nucléaire ne dégage pas de CO₂, la production de chaque Kwh d’électricité nucléaire ne génère pas de gaz à effet de serre !

Plus on prend en compte l’entièreté du cycle (2), du minerai (d’uranium mais aussi de cuivre, fer…), du béton, jusqu’au démantèlement et aux « tentatives » de recyclage, plus la part de GES produit augmente….

Vu les différents résultats des méthodes de calcul exposées ci-dessous, nous ne pouvons pas affirmer quel est le « bon » chiffre de la production de GES produit par les réacteurs nucléaires. Nous soupçonnons que les chiffres communément acceptés sont certainement sous-évalués, et suite à de nouvelles études scientifiques(10), notre conclusion est que le nucléaire produit une quantité de gaz à effet de serre (GES) au moins égale, voire supérieure à l’éolien et aux panneaux solaires photovoltaïques, mais bien sûr très inférieure à celles due aux énergies fossiles.

L’urgence absolue est de diminuer drastiquement et rapidement les énergies fossiles dans les deux prochaines décennies, dès maintenant si possible !

Cependant, le nucléaire n’est pas une solution à la crise climatique :

Au niveau mondial, le nucléaire est actuellement très minoritaire et même en stagnation, 415 réacteurs, 4,3 % de l’énergie primaire, 10,3 % de l’électricité dont 70 % dans 5 pays (3).

Pour avoir un effet utile sur la réduction de CO₂ au niveau mondial, il faudrait multiplier le nombre de réacteurs par 10 ou 20. (4) Étant donné les coûts de plus en plus élevés de cette énergie et les délais de construction excédant les 10 ans ceci n’est pas compatible avec la situation d’urgence, ni avec les finances et les infrastructures techniques de beaucoup de pays, c’est même complètement irréaliste !
Et comme ces nouvelles centrales doivent être réparties sur la planète, cela implique inévitablement un énorme risque de prolifération de l’arme nucléaire, et une augmentation de la circulation de produits très dangereux.

De plus cela nous mènera directement à la fin des ressources en uranium, ou du mois une forte augmentation drastique du coût d’extraction (financier et énergétique), même si les ressources dans l’eau de mer sont énormes, bien que difficilement exploitables actuellement… De plus les réacteurs nucléaires sont en réalité aussi des machines thermiques, 60 % de la chaleur est perdue, et le refroidissement nécessite de grandes quantités d’eau fraîche, ce que les perturbations climatiques rendront de plus en plus difficile…

Pour ce qui concerne le CO₂, au niveau mondial, prolonger les réacteurs actuels ou les remplacer par des nouveaux, c’est une goutte d’eau dans le mix énergétique et c’est gaspiller des ressources que nous devons investir dans de nouvelles solutions, quitte à utiliser dans certains pays comme le nôtre, des centrales à gaz d’appoint. Ces centrales à gaz ne sont pas destinées à remplacer les réacteurs ni à fonctionner en continu, elles seront seulement utilisées en cas de besoin d’un appoint temporaire. Comme le précise le député Samuel Cogolati, leur production de CO₂ sera comptabilisé au niveau européen et compensé dans ce qu’on appelle l’ETS, emission trading system, ou le « système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre au niveau européen ». Ce système permet d’échanger des quotas de production de CO₂ entre diverses installations dans un cadre visant à la réduction progressive du total émis au niveau européen. Lire les dispositions légales des quotas ETS, en français .

L’âge moyen des réacteurs nucléaires est de 31 ans, ils arrivent tous en fin de course et deviennent de plus en plus dangereux.

Quels sont les résultats des études sur la question ?

Le GIEC cite en réalité 3 chiffres concernant l’émission de CO₂ par le nucléaire, soit 3.7, 12 et 110 grammes de CO₂ équivalent par Kwh électrique. (6) La valeur médiane 12 est la valeur centrale publiée par le GIEC et reprise par les autres institutions officielles. Cette estimation est une médiane (6) et est donc le résultat d’une méta-analyse d’études de cas sur lesquelles le GIEC se repose et qui tiennent certainement en compte peu (3.7), ou un peu plus (110) l’entièreté du cycle. Il n’est donc pas certain qu’il s’agit de l’étude de cycles complets, surtout pour ceux qui ont la valeur minimale.

Les questions suivantes ont été posées à un haut responsable du GIEC :

  • Pourquoi publier une médiane6, inexploitable pour nos calculs,  plutôt qu’une moyenne ?
    La médiane est un excellent outil qualitatif, alors que la moyenne est quantitative.
    Multiplier une valeur médiane (par exemple 12g/Kwhe) par la production d’électricité d’un pays ne nous donnera pas la production de CO2 de ce pays ! Le GIEC n’est pas du tout en cause, mais les gens qui utilisent cette valeur qualitative pour obtenir des résultat quantitatifs sont soit dans l’erreur soit font de la désinformation !
  • Sur quels travaux scientifiques se base le GIEC pour arriver à ce chiffre ?

Nous n’avons pas reçu de réponse convaincante !

Mais selon le Pr Verbruggen de l’Université d’Anvers, qui a travaillé avec le GIEC,  cette organisation n’a ni fait, ni requis, de recherche scientifique pour arriver à ce chiffre de douze grammes (ce n’est d’ailleurs pas son rôle). L’évaluation aurait été faite par l’AIEA, nous n’avons donc pas trouvé de source scientifique publiée dans un journal reconnu à comité de lecture !

Cette valeur étant une médiane6, la seule chose dont nous pouvons être sûr à partir des données du GIEC, c’est que la moyenne de la production de CO₂ pour ces cycles de vie complets de réacteurs se situe quelque part entre 3.7 et 110 g de CO₂ eq/Kwhélectrique… Et suivant les périodes, les pays, les méthodes de production des matériaux, les techniques de construction et de préparation des combustibles varient et donc l’émission de CO₂ et de GES varie aussi suivant les centrales.

Cependant nous devons reconnaître que la valeur de 12g CO₂ eq/Kwh, à tort, fait consensus et est utilisée comme base de calcul par de nombreux experts.

EDF utilise le chiffre de 6 g de CO₂ eq/Kwh, non pas sur base de travaux scientifiques, mais suite à une évaluation faite par …..les services de EDF R&D ! (Certaines autres publications d’EDF en mars 2020 parlent de 4 grammes…). Il se basent sur le fait qu’en France, de moins en moins d’électricité produite par le charbon et le fuel a été utilisée pour construire les éléments qui composent les centrales françaises, par rapport à la Chine, notamment.
Ils nous font croire aussi que l’uranium Français est uniquement enrichi en France avec de l’électricité nucléaire Française, alors que ce n’est pas le cas. Une grande partie est enrichie en Russie, et l’intégralité de l’uranium 238 récupéré des combustibles usés est ré-enrichi également en Russie comme le précise la SFEN et nous manquons de données sur le bilan de cette opération, par exemple l’origine de l’électricité utilisée.

Bref, pas de de base scientifique connue justifiant ce chiffre de 4 ou 6 grammes de CO₂ (7).

L’étude Sovacool, (8) publiée en 2008, basée sur l’étude d’une centaine de cycles complets, suggère que le chiffre réaliste moyen serait de 66 g CO₂ eq/Kwh, soit plus que le photovoltaïque ; le maximum trouvé serait de 288 g CO₂ eq/KwWh , soit la moitié des émissions de CO₂ du gaz ! D’après l’Université de Liège, cette étude publiée en août 2008 serait maintenant obsolète, et certainement aussi les évaluations antérieures à 2008  !

Ce chiffre de 66 g CO₂ eq/Kwh est cependant repris par l’ADEME (Agence de la Transition Écologique [France]) pour l’évaluation mondiale, mais qui conseille la valeur EDF de 6 grammes pour la France !? (9) Ceci semble être le résultat d’une pression politique…

Le calcul de la production de GES par le nucléaire est complexe, les résultats pour le monde et pour un pays particulier ne sont pas nécessairement les mêmes, les diverses méthodes de calcul ne convergent pas vraiment, et le GIEC ne cite pas ses sources…

Cependant de nouvelles études (Jan Willem Storm van Leeuwen) arrivent à la conclusion que le nucléaire produit nettement plus de CO2 que les énergies renouvelables, mais quand même bien moins que le gaz méthane(10).

Il faut en effet tenir compte de tous les flux d’énergie sur de longues périodes, les techniques et les rendements évoluant au cours du temps.

L’enrichissement de l’uranium est plus efficace qu’au début, cependant, plus nous nous rapprochons de l’épuisement des mines d’uranium, plus l’extraction demandera d’énergie et plus le coût énergétique et financier du combustible augmentera, de même que sa production de GES ! Le minerai est considéré comme exploitable de manière rentable à partir de 1 à 2 kg d’uranium par tonne, soit 0,1 à 0,2 %.

Il faudrait aussi ajouter les flux annexes de GES (5).

Vu la complexité du problème, il n’est pas possible de refaire ces calculs «manuellement » dans une feuille Excell. Les spécialistes utilisent des bases de données et des applications dédiées aux ACV (Analyse du Cycle de Vie, dont l’évaluation de la production de CO₂ est un des aspects traités). (2)

L’équipe de l’Université de Liège (Chemical Engineering – PEPs) nous en signale deux :
GaBi et sa base de données propre, et SimaPro avec la base de données Ecoinvent.
Conclusion : la première rejoint le chiffre assez faible d’EDF (6 g), la seconde rejoint le chiffre du GIEC (12 g), sous une forme utilisable (une vraie moyenne).

Nous n’en saurons pas plus sur les chiffres scientifiquement reconnus mais nous avons la nette impression qu’ils sont sous-estimés parce que :

  • Seule la fabrication des éléments combustible est prise en compte ; nous savons que le coût énergétique de l’extraction du minerai va augmenter, est-il correctement intégré à ces bases de données ?
  • Les déchets miniers et leurs dégâts n’ont pas été correctement traités dans les pays du Nord, et pas du tout dans les pays du Sud.
  • Le coût de la gestion des déchets sortant des réacteurs est largement sous-estimé, même si dans le futur on espère que l’énergie sera largement décarbonée… On comprend pourquoi les gestionnaires veulent les balayer sous le tapis géologique supposé stable et réduire la maintenance à zéro et les « oublier ». Mais il est hautement probable que les générations futures devront prendre en charge ce fardeau pendant une très très longue période et dépenser des ressources et de l’énergie, et au final le bilan global de l’expérience nucléaire apparaîtra bien sombre…
    Le site d’enfouissement de Bure en France ce sera :
  • 120 ans de travaux, pour enfouir la plus grande partie de la production française de déchets depuis le début jusqu’au aujourd’hui inclus, pas de place pour la production future.
  • Réversibilité promise en « mode mensonge », en pratique en cas de problème il ne sera pas possible de retirer les fûts endommagés. Et après 130 ans, on ferme la porte, pour limiter les frais. Mais, sans surveillance, les dégâts seront inévitables dans le futur plus ou moins lointain, vu que les inévitables fuites d’hydrogène du à l’irradiation, qui vont créer des dégâts chimiques (acides, etc, provoquant des fuites vers les nappes phréatiques), voire des incendies ou des explosions.
  • 500 hectares occupés au sol
  • Au moins 25 milliards d’euros provisionnées mais le coût total dans 120 ans est impossible à estimer ; le seul point positif, c’est qu’on espère que dans le futur les techniques auront évolué dans le sens de la (vraie) décarbonation et des économies d’énergie.
  • Entre et 724 (au début) et 822 (à la fin en 2146) mégawatts heure d’électricité  en moyenne par jour, soit la consommation de plus de 80 000 familles consommant 3500 Kwh/an.
  • 106 000 tonnes d’acier, soit l’acier de 14 tours Eiffel à 7300 tonnes.
  • 6 millions de m³de béton, soit, en tonnes, plus que la pyramide de Khéops !
  • des galeries pour 270 km, soit plus de 2 fois la longueur du métro parisien (plus une quantité d’alcôves longues jusqu’à 50mètres).
  • des remblais équivalents au volume excavé du tunnel sous la manche.
  • 2 wagons de chemin de fer par semaine pendant plus de 100 ans…
    Source : l’Andra et le groupe de soutien à Bure

Conclusion

Tout ceci confirme notre opinion que le nucléaire produit une quantité de gaz à effet de serre (GES) qui n’est probablement pas inférieure à l’éolien, ni aux panneaux solaires photovoltaïques, mais bien sûr très inférieure aux énergies fossiles. Et, comme expliqué plus haut, ce n’est en aucun cas une réponse à la crise climatique. Étant donné les différences grandissantes de cout, un € investi dans les énergies renouvelables, l’isolation, les économies d’énergie, économise bien plus de GES que le même € investi dans le nucléaire !


NOTES :

  1. GES : Le CO₂, mais aussi le méthane, l’ozone, et divers gaz industriels (composés chlorés et fluorés…) sont des gaz à effet de serre. Ils sont caractérisés par leur capacité à piéger la chaleur (infrarouges) dans l’atmosphère, et leur effet est aussi pondéré par le temps qu’ils subsistent dans l’atmosphère. Le méthane est beaucoup plus réchauffant que le CO₂, mais il reste moins longtemps dans l’atmosphère..Notons que la vapeur d’eau naturelle participe grandement à l’effet de serre naturel qui réchauffe notre planète et qui nous donne un ciel bleu et nous évite une température de -18 °C. La vapeur produite par les évaporateurs des centrales est bien aussi un GES, mais son effet est limité, car cette petite quantité de vapeur d’eau additionnelle reste très peu de temps en suspens et s’intègre aux processus naturels. Une prolifération de réacteurs (plus de 8000 ?), qui produisent surtout de la chaleur, contribuerait cependant au réchauffement de l’atmosphère et à sa capacité à se charger en vapeur d’eau.
  2. L’analyse du cycle de vie (ACV – en anglais LCA [Life Cycle Analysis]) est une méthode d’évaluation normalisée (ISO 14040 et 14044) permettant de réaliser un bilan environnemental multicritère et multi-étape d’un système (produit, service, entreprise ou procédé sur l’ensemble de son cycle de vie).
  3. Le Prof Damien Ernst de l’Ulg propose effectivement de construire 8532 nouveaux réacteurs, et d’envoyer les déchets sur la lune ! Dans un tweet envoyé lorsqu’il a appris la décision de la sortie du nucléaire en Belgique, il posait la question de la nécessité de mettre les écologistes en prison, « et que même la prison serait une peine trop soft »…
  4. Les flux annexes de gaz à effet de serre sont surtout le fluor et le chlore utilisés durant l’enrichissement. Nous ne savons pas ce que deviennent ces gaz, dans quelle proportion ils sont filtrés, recyclés, ou relâchés dans l’atmosphère. Le SF6 utilisé comme isolant dans les installations électriques des centrale, et les autres gaz fluorés utilisés dans la centrale, ajoutent à peu près 1 % d’équivalent CO₂ au total de la production du réacteur. Un kilo de ce gaz SF6 (hexafluorure de soufre) équivaut à 23500 kilos de CO₂ en terme de pouvoir réchauffant. Comme 100 kg par an sont autorisés, (norme récemment dépassée à Flamanville, soit 102 kg !), chaque centrale peut potentiellement relâcher, en plus du reste, près de 2400 tonnes d’équivalent CO₂ par an. La centrale de Flamanville a produit 6,64 TWh en 2019 soit 6.64*30 milliards de grammes de CO₂, soit donc 199 200 tonnes de CO₂. Le SF6 ajoute donc 2400 tonnes à ce total, soit environ 1,2 %, ce qui est peu. Notons qu’il y a aussi du SF6 dans nombre de centrales électriques non nucléaires, il a la propriété de limiter les arcs électriques.
    En fait il y a d’autres gaz, comme le R134A et le R125, utilisés comme fluides refroidisseurs dans les compresseurs, ou comme fluide anti-incendie. Comme ils impactent moins l’effet de serre que le SF6, le calcul ci-dessus, qui considère qu’il n’y a que du SF6, reste valable et donne une valeur maximale.
    Le tableau des équivalences CO₂ des gaz (à 100 ans !) se trouve à la la page 183 de ce rapport réalisé pour l’ADEME.
  5. Annexe III de l’AR5 du GIEC Copie de la page 1335
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Empreinte_carbone_de_l‘électricité
    https://fr.wikipedia.org/wiki/énergie_et_effet_de_serre
    Notez les différences entre les sources…
  6. La médiane d’un ensemble de valeurs liées à des échantillons est une valeur x qui permet de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales : mettant d’un côté une moitié des valeurs, qui sont toutes inférieures ou égales à x et de l’autre côté l’autre moitié des valeurs, qui sont toutes supérieures ou égales à x. La médiane donne une information sur la répartition numérique des échantillons ; cependant elle ne nous dit rien sur la répartition des valeurs dans les groupes Min et Max. Si tous les échantillons Max étaient au-dessus de 100, la médiane resterait quand-même à 12, cela peut induire en erreur !
    La moyenne est très utile car elle nous permet d’estimer l’émission de CO₂ d’un groupe de réacteurs dont on connaît la puissance électrique.
    Par analogie, connaitre la médiane des salaires d’un pays a un intérêt sociologique, mais la moyenne nous permet de recalculer la masse salarial totale, connaissant le nombre de salariés.
  7. EDF voir le document de mars 2020 qui montre l’exception française : de 4 à 6 g CO₂ eq/Kwh
  8. Sovacool : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301421508001997?via ihub et aussi un article du journal Nature.
    La répartition est la suivante :
    – Préparation du combustible : extraction , traitement du minerai,enrichissement  : 25.09 gCO2/Kwh (Ce poste peut fortement varier en fonction des méthodes et des sources d’énergie utilisées. Le combustible retraité économise certes une petite partie du minerai, mais les infrastructures et les opérations chimiques ont aussi un coup en terme de gaz à effets de serre) 
    – Construction et transports divers : 8.2 gCO2/Kwh
    – Fonctionnement et maintenance du réacteur : 12 gCO2/Kwh
    – Gestion et stockage des déchets : 9.20 gCO2/Kwh
    – Démantèlement : 12.01 gCO2/Kwh
    Total : 66 g CO2/Kwh
  9. Dans l’archive 2014 l’ADEME cite Sovacool : https://www.bilans-ges.ademe.fr/static/documents/[Base Carbone] Documentation générale v11.0.pdf page 93. Mais retour au chiffre d’EDF sur la version en ligne actuellement, soit 6 g (après quelques pressions ?…) : https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?conventionnel.htm.
    Juste en dessous : https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/renouvelable.htm , l’ADEME re-cite les valeurs mondes de Sovacool, mais nous demande de nous référer à l’annexe III de l’AR5 du GIEC pour les valeurs « monde », soit donc 12 grammes !?

  10. Les deux études suivantes sont significatives, dans un rapport de l’analyste énergétique Jan Willem Storm van Leeuwen, publié le 8 juin 2020, il calcule 139-190 grammes de CO2 par kilowattheure (Kwh). Un rapport publié le 15 juin 2019 par Mark Z. Jacobson, professeur d’ingénierie civile et environnementale et directeur du programme Atmosphère/Énergie de l’université de Stanford University, fait état de 78-178 grammes de CO2 par kilowattheure.
    Source : Nuclear Monitor #901, page 5 (Wise)





Arrêt de l’EPR n°1 de la centrale nucléaire de Taishan

Mise à jour de l’historique le 01/07/2023

[Image d’illustration: Centrale nucléaire de Tihange, Belgique]

Nous apprenons dans un article du Canard Enchaîné le 27/05/2023. que le réacteur n°1 de Taishan est de nouveau à l’arrêt depuis le 1er février 2023. Le réacteur souffre « d’une oxydation excessive des gaines d’éléments combustibles« , et cette usure précoce menace leur étanchéité, tout comme lors de l’arrêt précédent qui a duré plus d’un an, voir l’historique ci-dessous. Cette fois-ci le problème viendrait de l’effritement des gaines elles-mêmes et non des vibrations !?
EDF va devoir vérifier tous les réacteurs fonctionnant avec des gaines de cet alliage « M5 » produit par Framatome, y compris d’autres EPR, dont peut-être Flamanville…

China General Nuclear Power Group (CGN), le principal exploitant de la centrale nucléaire de Taishan (Chine), a en effet indiqué mardi 16 août 2022 que l’EPR numéro 1 avait été redémarré puis reconnecté au réseau électrique, plus d’un an après sa mise à l’arrêt. Le groupe chinois précise qu’aucune «anormalité» sur la centrale et ses environs n’a été constatée lors des diverses opérations d’inspection et de maintenance et affirme faire de la sécurité «une priorité».

Mais l‘IRSN reconnait maintenant une erreur de conception sur les EPR (21/07/2022)

La fuite est survenue à Taïshan, en Chine, sur le premier réacteur de technologie française, de type EPR, à avoir été mis en service dans le monde.
Cette fuite a été détectée au début 2021, et EDF insiste sur la fermeture du réacteur depuis le 14 juin 2021 date à laquelle le problème a été rendu publique.

Le 30 juillet 2021 « Nucléaire-Mise à l’arrêt du réacteur n°1 de Taishan, EDF prend acte » :
L’exploitant de l’EPR de Taishan, en Chine, a annoncé vendredi sa décision de procéder à l’arrêt du réacteur n°1 de la centrale nucléaire, au sein duquel des fuites de crayons de combustible responsables d’une accumulation de gaz rares ont été détectées.

Cette décision de TNPJVC, responsable de l’exploitation de la centrale et coentreprise détenue par China General Nuclear Power Group – ou CGN (70%) – et par EDF (30%), correspond à ce qui serait fait en France dans la même situation, a rappelé EDF dans une déclaration écrite après avoir pris position en ce sens le 22 juillet.

« EDF reste mobilisé pour apporter son expertise dans la mise à l’arrêt du réacteur », a-t-il ajouté à la suite de l’annonce de la décision par CGN.
Source : Les échos

Le 30 juillet 2021
« Arrêter l’EPR de Taishan-1 est la bonne décision, au vu du risque que fait peser le combustible endommagé sur la sûreté du réacteur. Si les dommages sont suffisamment importants pour déformer des éléments du combustible, ils peuvent compromettre l’insertion des barres de contrôle, ce qui pourrait conduire à un accident nucléaire », analyse Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.
….
« Si un défaut de conception du réacteur ou du combustible était à l’origine de l’incident sur l’EPR de Taishan, cela compromettrait les 4 projets d’EPR européens, qui cumulent déjà les années de retard et les dérapages budgétaires. Les incertitudes à Taishan montrent que la mise en service d’un EPR est loin d’être la lumière au bout du tunnel que l’industrie nucléaire française nous fait miroiter. La filière nucléaire française est encore une fois incapable de tenir ses promesses. Cela prouve que cette technologie n’est pas la solution dans la lutte contre les changements climatiques du fait des temps de construction, de ses coûts exorbitants et de son imprévisibilité », estime Yannick Rousselet.
Source : Greenpeace

Le 22 Juillet 2021 Il fallait arrêter le réacteur, pour savoir si la cause est un défaut de fabrication de quelques tubes, ou une mauvaise composition du combustible, trop de Plutonium ou d’Uranium dans certaines pastilles dans certains tubes, ou alors s’il s’agit d’une erreur de conception qui crée une surchauffe dans une zone précise. On dirait que pour les Chinois la production est passée avant tout, aggravant même l’exposition possible du personnel à des éléments radioactifs lors des opérations de décontamination du circuit primaire, qui est de plus en plus difficile à mesure que le temps passe….
Plus de détails dans « Le Parisien »

Le 14 juin 2021 : « La centrale nucléaire chinoise de Taishan (EPR) présente une «menace radiologique imminente». Le constat viendrait de Framatome, une filiale du groupe français EDF qui a aidé à construire la centrale et en possède toujours des parts, révèle ce 14 juin CNN. Les fuites sont connues depuis plus de 8 mois.
Framatome est une filiale Américaine du groupe français EDF, qui a aidé à construire la centrale et en possède toujours des parts, et doit rendre des comptes aux autorités Américaines. » Source : le Temps (Journal Suisse)

Le 14 juin 2021 : « EDF parle de « gaz rares » qui n’interfèrent pas avec les tissus vivants. ». Rappelons que le radon 222, qui s’échappe naturellement de nos sols, est aussi un gaz rare dit chimiquement inerte, et radioactif.. C’est un produit de la désintégration du radium, ce dernier étant un élément de la chaine de désintégration de l’uranium, qui se termine avec le plomb 206 (stable). On estime que, par inhalation, le radon est responsable de 10% des cancers du poumon en France, devant l’amiante !

C’est donc de la pure désinformation de nous faire croire que puisque ces gaz « inertes » (mais radioactifs) ont peu d’interactions chimiques, il n’y aurait aucun risque lié à la contamination radioactive interne.

Ces gaz se trouvent dans l’eau du circuit primaire, mais lors du processus de « dégazage », il finissent quand-même dans l’atmosphère et peuvent être inhalés.
Source : le blog de Fukushima

Le 15 juin 2021 Cette fuite radioactive sur l’EPR chinois est un billard à trois bandes entre Américains, Chinois et Français. Si l’opacité entretenue par le régime chinois empêche pour le moment de connaître les conséquences précises de la fuite radioactive impliquant l’EPR n°1 de Taïshan, révélée hier 14 juin par CNN, en revanche il est d’ores et déjà possible d’analyser le déroulement de cette affaire et d’en prévoir certaines suites.

La défectuosité de l’étanchéité de gaines de combustibles au sein de l’EPR de Taïshan remonte à octobre 2020, c’est-à-dire qu’elle dure depuis plus de 8 mois : les co-exploitants du réacteur, c’est-à-dire les Chinois et les Français de Framatome, étaient de toute évidence parfaitement conscients de la gravité du problème et avaient conjointement décidé d’en cacher l’existence à la population mais aussi à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique).

Par chance, l’information a fini par « transpirer » vers la filiale américaine de Framatome (Areva NP Inc). Cette dernière, après de très probables discussions avec la CIA et la Maison blanche, s’est fait un plaisir d’en informer CNN. En effet, maintenant que la situation de l’EPR de Taïshan est connue dans le monde entier, il va être compliqué pour les Chinois de continuer à exploiter ce réacteur dans des conditions qui sont très probablement hors de « son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé », contrairement à ce prétend Framatome (canal Français !) pour ne pas froisser les Chinois. Il est de notoriété publique que la Chine et les USA, les deux plus grandes puissances mondiales, sont en grande rivalité géopolitique et économique.

Il est évident que, si l’EPR n°1 de Taïshan et peut-être son jumeau n°2 devaient être stoppés pour longtemps, ce serait embêtant pour la Chine qui manque par moment d’électricité dans cette région. D’où le « petit plaisir » que se font les Américains en révélant l’affaire. Mais cela resterait tout de même un problème limité pour la Chine où, contrairement à ce que l’on peut parfois lire ou entendre, le nucléaire est une énergie marginale couvrant moins de 1% de la consommation d’énergie du pays. En revanche, il est très possible que l’industrie nucléaire française soit la grande perdante de cette affaire qui peut représenter un coup fatal pour les projets d’EDF de construire des EPR en France et à l’étranger. En effet, alors que les chantiers EPR organisés par les Français – Areva en Finlande, EDF à Flamanville (Manche) et en Grande-Bretagne – sont de véritables désastres industriels et financiers, les promoteurs du réacteur EPR se raccrochaient désespérément au « bon exemple » chinois. Car les deux EPR de Taïshan ont été construits et mis en service (respectivement en décembre 2018 et septembre 2019) avec « seulement » quelques années de retard et des surcoûts officiellement limités à quelques milliards (selon la communication de la Chine qui, faut-il le rappeler, est une dictature où l’ « information » est totalement contrôlée).
La situation qui a lieu actuellement en Chine montre que, malgré la prétendue maestria des nucléocrates chinois, les EPR de Taïshan ne se portent pas mieux que ceux que les Français tentent désespérément de construire. Cet évènement va assurément semer un énorme doute chez les rares dirigeants étrangers qui envisageaient encore de commander des réacteurs EPR, malgré tous leurs déboires. « 

C’est assurément la goutte qui fait déborder le vase, ou plutôt la fuite radioactive qui fait déborder la cuve (défectueuse) de l’EPR…

De même, cette affaire doit amener les dirigeants politiques français (mais aussi finlandais et britanniques) à prendre enfin leurs responsabilités et à stopper définitivement les chantiers EPR d’Olkiluoto (Finlande), Flamanville (Manche, France) et d’Hinkley Point (Grande-Bretagne), et à cesser d’annoncer de futurs chantiers d’EPR en Inde ou ailleurs. Source : Observatoire du nucléaire

Le 17/11/2021 : depuis l’arrêt du 30 juillet 2021, le réacteur est toujours à l’arrêt, pas de nouvelles d’EDF…

Suivant l’article du Canard Enchaîné du 17/11/2021, EDF n’a encore rien communiqué à propos de Taishan, même pas aux autorités compétentes (ASN, IRSN).
Notons que le 31 mars 2021 l’IRSN s’inquiétait d’un « problème de vibrations observés sur différents réacteurs EPR », pouvant provenir d’un problème de conception. Il y aurait peut-être donc autre chose qu’un problème de corrosion ou de de malfaçon des gaines de combustible… De même Bernard Laponche se demande si l’augmentation d’échelle de 1350 à 1650 MW (pour les EPR) n’a pas augmenté les problèmes techniques. Les changements de disposition et de taille des tuyauteries, ainsi que la géométrie de ce « nouveau modèle » pourraient être à l’origine de ces vibrations et peut-être de ces fuites….

En résumé, les causes possibles du problème pourraient être :
– Une malfaçon de certaines gaines de combustible.
– Une hétérogénéité des pastilles de combustible, provoquant un échauffement anormal à certains endroits.
– Une géométrie particulière du système qui provoquerait une distribution imprévue des neutrons, et donc une fission et un échauffement plus ou moins intense à certains endroits.
– Nous apprenons maintenant qu’il y a des vibrations anormales, peut-être dues à la circulation forcée dans les gaines de combustible plus nombreuses et plus longues, vibrations qui pourraient peut-être aussi endommager ces gaines assez minces.

Normalement, après l’arrêt, ils ont du bien voir quelle était la répartition des gaines qui ont fuité et en avoir tiré des conclusions. Que depuis le 31 Juillet 2021 ils n’aient pas fixé ni communiqué sur le problème est assez inquiétant !

Le 28/11/2021, un article nous apprend que l’incident qui a conduit en juillet à l’arrêt d’un réacteur à la centrale nucléaire EPR de Taishan serait dû à un défaut de conception de la cuve, comme l’affirme samedi la CRIIRAD qui dans son communiqué met en garde contre le risque de problème identique sur d’autres EPR. Cette erreur de conception de la cuve provoquerait les vibrations anormales responsables de l’endommagement d’un certain nombre de gaines de combustible. Il se pourrait donc que ce défaut concerne d’autres EPR, à Flamanville par exemple..


Le 03/12/21 La vidéo de la CRIIRAD:


Le 13/12/2021
Article de Reporterre :

« L’ASN a demandé à EDF de prendre en compte le retour d’expérience de cet événement en amont de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville. Pour cela, EDF devra soit démontrer que l’EPR de Flamanville n’est pas concerné, soit proposer des dispositions pour prévenir la dégradation du combustible », a écrit l’ASN.

« Il y a encore beaucoup de travail à effectuer sur ce chantier en amont des opérations de démarrage, et le retour d’expérience de l’écart de l’EPR Taishan 1 doit avoir lieu », a expliqué le même jour le directeur général adjoint de l’Agence de sûreté nucléaire, Julien Collet, lors de la conférence annuelle des commissions locales d’information (CLI).


Compléments d’information :

Article de Reporterre !

En France également des assemblages de combustibles endommagés

Communiqué de la CRIIRAD à l’ASN le 25 novembre et à la presse le 28 novembre 2011

Page Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Taishan